Au commencement...
Cette année, on commence sérieusement les stages à l'hôpital. Dans notre CHU, nous n'allons en stage que deux matinées par semaine en troisième année, donc beaucoup moins que les externes (4, 5 et 6e années) qui y vont tous les matins, mais beaucoup plus que l'an dernier où nous n'allions à l'hôpital que 7 matinées dans l'année.
Le but de notre stage est d'apprendre la sémiologie, l'étude des signes cliniques, des symptômes. En pratique, on apprend à interroger les patients, à les examiner, à reconnaître les symptômes et à les associer à des pathologies.
Pour effectuer mon stage, j'ai choisi le service de Médecine Interne de mon CHU car il est réputé très formateur en sémiologie du fait de la grande diversité des pathologies qu'on y rencontre. Nous sommes encadré par un médecin du service, qui, le lundi, nous fait un cours théorique sur une partie de l'examen clinique, puis nous emmène voir des patients pour nous montrer des signes cliniques "intéressants". Le mercredi, il nous attribue des patients et nous allons faire leurs observations seuls. Ensuite, il "corrige" notre travail.
Pour la plupart d'entre nous, c'est véritablement le premier contact "médical" avec le patient. Même si nous avons tous fait un stage d'initiation aux soins infirmiers, nous n'avons pas la même relation avec le patient quand on entre dans la chambre en se présentant comme étudiant en médecine, comme quelqu'un qui vient s'entraîner et apprendre. On se retrouve seul avec le patient, et on doit lui poser des questions et ensuite aller l'examiner.
Au départ, on trouve l'interrogatoire facile, car on ne se rend pas compte que l'on oublie plein de questions très importantes, on se fait "avoir" par les patients qui ne disent pas tout spontanément, etc. On pose nos questions sans trop interprêter les réponses, donc ce n'est pas très dur. Et au contraire, l'examen clinique nous semble difficile. Il n'est pas aisé de "toucher" un patient... On n'ose pas toujours faire certaines choses. On n'ose pas appuyer sur l'abdomen pour palper le foie, on n'ose pas soulever le drap pour regarder l'état des jambes et encore moins palper les pouls fémoraux.
Aujourd'hui, je me rends compte que le plus difficile est en réalité l'interrogatoire, car avec l'entraînement et le tout début d'expérience, on commence à devenir consciencieux et à avoir des reflexes :
"- Vous n'avez jamais été opéré ?
- Ah non, jamais !
- Même de l'appendicite ?
- Ah si, mais bon, comme tout le monde !"
Mais c'est souvent plus difficile que ça. Les patients déversent sur nous, étudiant toujours trop gentil avec eux, toute leur histoire, leurs craintes, leurs angoisses, leurs critiques du service... Nous les écoutons sans trop savoir comment les ramener dans l'axe de la discussion qui nous intéresse, comment trier les informations utiles des informations inutiles... De plus, les patients nous cachent volontairement des choses (consommation d'alcool, troubles du transit, ...). Alors qu'à l'examen, leur corps ne nous mentira pas ; on verra la cicatrices d'appendicite qui n'a pas été signalée à l'interrogatoire.
Enfin, cela reste dans l'ensemble un exercice difficile et malgré notre assurance grandissante, nous sommes loin de savoir correctement gérer la réalisation de l'examen clinique si systématisé et pourtant si différent d'un patient à l'autre.